Stage Infirmier : Jour 9
- Par docjunior
- Le 05/01/2017
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Stage Infirmier : Jour 9
Reconnaissance de soi et des autres
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22H : Et oui, vous l’avez compris, je suis de nuit aujourd’hui et d’ici peu, je serai cuit, frit. Enfin crevé quoi ! Parce que les nocturnes, c’est juste pas mon truc. Mais alors pas du tout ! Vers 2H du mat, je commence déjà à dormir sur place que je sois debout ou assis alors imaginez mon état à 6H ! Je dois surement ressembler à un zombie-vampire, un cadavre ambulant… Et j’exagère à peine pour le coup !
Sincèrement, je vais faire comment quand je serai interne ? Une perfusion caféinée peut-être ? Ou bien un lavement intestinal à la théine ? En tout cas si une chose est sûre c’est que jamais, au grand jamais je prendrai des substances à caractère plus ou moins légal. Oh ça non ! Bien que j’entende par ci par là que certains n’ont trouvé que ce moyen pour tenir... Ça fait peur n’empêche
© Vie de Carabin
Ah non à un zombi en fait ^^
22H05 : A peine le temps d’arriver que je vois déjà une patiente en train de se faire attacher. Yeah ! Si ça risque d’être comme hier je vais être le plus heureux des stagiaires ! Et puis je vois sur le tableau d’affichage que tout est plein, on ne va pas chômer cette fois encore.
22H10 : La répartition des postes est finie. Je suis avec une infirmière qui est toute douce et super pédagogue. Enfin, à vrai dire, je serai passé entre les mains de tout le monde ou presque et chaque personne m’aura montré et appris de nombreuses choses. Les aides-soignantes y comprit.
Comme on nous avait dit à la présentation du stage infirmier, que ce soit des aides-soignantes voire même des secrétaires, ces personnes en savent beaucoup plus que nous après avoir passé des années à l’hôpital.
D’ailleurs c’est pas difficile puisque moi, je ne sais rien ! Vu que je sors d’une PACES où il n’y a jamais eu tant de choses inutiles à apprendre ! Alors les futurs médecins, un peu d’humilité ! Et je suis sûr que même plus tard, j’aurai toujours beaucoup a apprendre du personnel médical ET paramédical ! C’est pourquoi je trouve absolument idiot au plus haut point de se prendre pour un être supérieur et de regarder de haut les autres depuis son statut de médecin (ou d’interne, externe, élève).
Bonjour, merci, au revoir. Ce n’est pas grand-chose mais ça change tout ! J’en vois qui se moquent derrière leur écran là. Ils trouvent que c’est juste trop évident ! Oui mais non en fait. J’ai eu des récits d’élèves en stage infirmier qui ont pris de haut les infirmières. « Ouais moi je suis étudiant en médecine, j’ai réussi ma PACES, je suis trop fort, trop beau, trop intelligent ». Trop con oui ! Et je vous assure qu’il l’a regretté ce mec-là vu qu’il n’aura strictement rien apprit pendant son stage hormis comme nettoyer les chambre, les toilettes et les patients !
Et d’ailleurs, à la pause, mon infirmière attitrée de la soirée s’est plainte du comportement d’un des internes (j’en reparle tout à l’heure). Donc oui ça arrive ! J’espère que si je relis ces quelques lignes dans 5 ans, ça me fera comme une piqure de rappel. Oh puis non, j’en aurai pas besoin, je suis au-dessus de ça quand même ! (Quoi ? Que je viens tout juste de me montrer arrogant alors que je disais qu’il fallait pas ? Impossible voyons !)
D’ailleurs même à l’opposé quand on est timide et qu’on ne connait pas les gens des fois ce n’est pas si facile non plus hein.
22H15 : Je me fais interpeller par une patiente en attente d’un lit pour dormir dans les étages. Elle est là depuis 10H du matin et il n’y a toujours pas de place pour elle. « Désolé madame, je ne suis qu’en stage ici donc je ne sais pas quand il y aura une place. Mais la cadre s’occupe en ce moment de vous en trouver une !
22H30 : J’accompagne dans les étages mon infirmière qui a peur des fantômes. Du coup, elle préfère ne pas se balader seule dans les boyaux de l’hôpital. Perso, ça ne me fais pas peur, mais j’avoue que tout seul la nuit dans une allée, c’est peut-être un peu glauque… Et puis ça me permettra de visiter un peu.
On chercher du lec rapide® pour un patient diabétique. Mais voilà, où qu’on aille que ce soit à l’unité 41, 42 etc…, il n’y a plus. Enfin même je dirai plutôt qu’il n’y en a pas. « Fini le lec rapide®, vive la novo rapide® ». Comme je vous disais, on fait un tour à l’unité 42. C’est une section de gériatrie, la pire de l’hôpital selon l’infirmière que j’accompagne qui ne voudrait travailler ici pour rien au monde.
Hé oui, changer des couches, apporter des bassins tous les jours et sans cesse, c’est pas ultra glamour si vous voyez ce que je voulais dire !
Du coup je me demande pourquoi il y a des gens qui veulent bien y travailler. Est-ce que c’est parce qu’ils ont vraiment besoin d’un boulot ou c’est par choix ?
En fait la première raison est possible mais parfois aussi, quand on a jamais rien connu d’autre, c’est pas toujours facile d’opter pour le changement, on préfère rester dans sa zone de « confort ».
Et dans la série de « mes réponses à la con », je vous présente le N°1 : « Bah oui mais on a bien voté Hollande pourtant ! ». Je me suis senti très malin sur le coup mais en fait, euh, non. J’ai perdu une occasion de fermer ma bouche. (Enfin j’espère que ma bêtise vous aura au moins fait sourire parce que des comme ça dans le blog, il risque d’y en avoir d’autres !)
23H30 : La mamie un peu énervée (ce que je comprends parfaitement, ça serait pareil pour moi) a enfin une place. Messieurs les brancardiers, on a du travail pour vous !
00H10 : J’aide à déplacer un vieux monsieur dans le secteur d’hospitalisation de courte durée. Plutôt que de passer la nuit sur un brancard, il va pouvoir avoir un vrai lit. Je vous assure qu’entre un brancard et un lit c’est un peu comme comparer des petits pois carottes en boîte avec du frais. Ça n’a absolument rien avoir ! (J’ai pas trouvé de meilleure comparaison désolé).
Du coup il faut le transférer du brancard au lit. Il nous faut des renforts. Ah, l’infirmier avec qui j’étais lors du jour 6 passe par là. Allez hop, on a besoin de toi ! La technique c’est de prendre les draps en tendant bien puis de faire glisser d’un coup le patient d’un lit à l’autre. Pas de chance pour mon infirmière attitrée, on a glissé le monsieur si rapidement qu’elle s’est un peu étalée sur le brancard.
Alors c’est l’occasion pour notre séducteur préféré (pas moi hein, l’autre) de glisser un sa petite remarque coquine du jour : « joli décolleté ma jolie ». Ce n’était pas vrai, on a rien vu mais l’infirmière y a vraiment cru pendant quelques instants de confusion ou elle a commencé à rougir…
00H30 : Ah oui, j’ai oublié de vous le dire. Il y a encore un anniv ce soir. Celle de la plus jeune du groupe je crois (qui s’était fait coincé le doigt par une mamie démente, vous vous en souvenez ?). Mince si j’avais su j’aurai apporté le gâteau que je comptais faire le lendemain ! Et puis quand je fais pars de ce regret, j’ai encore le droit au fameux et inimitable « meuh il est meugnon ! »
Encore un bon moment de convivialité. Et j’en profite pour prendre quelques selfies souvenirs avec l’équipe.
lolilol, t'as vu comme jsuis drôle ?
D’ailleurs, une infirmière du groupe qui partait en vacances et ne devait pas venir travailler est quand même venue souhaiter un bon anniversaire. Très sympathique de sa part !
2H00 : Rien de particulier entre temps, on est posé dans la salle des infirmières. Parfois, un maître docteur par l’odeur alléché nous tenait à peu près ce langage « Hé, les infirmières, vous qui êtes si jolies, vous qui êtes si belles, est-ce que je pourrai avoir un bout de gâteaux ? Sinon, ça discute (encore une fois) de points pour Weight Watchers. On dirait que c’est l’obsession de la nuit. Et puis la contagion se répand ! D’une infirmière au régime, on est passé à trois ! Plus mes parents qui m’annoncent officiellement le lendemain qu’ils sont eux aussi au régime !
Sinon je suis complètement épuisé alors pour une fois je m’autorise un petit café alors que je déteste ça… Evitons de nous zombi-ifier si possible !
2H10 : Direction la salle d’isolement. Il faut loxapaquer une patiente hystérique et schizophrène tout juste majeure pour qu’elle puisse être dans un état transportable. Les transports pour un hôpital psychiatrique sont déjà commandés depuis une demi-heure. Et l’aide de presque toute l’équipe n’est pas de trop pour ça. Je déteste les gens agités mais je me force au moins à regarder, il va bien falloir s’y habituer de toute façon alors autant commencer de suite. Et deux seringues de loxapac et de deux ! Et elle continue de hurler de plus belle ! A croire que ce médicament produit l’effet inverse ou quoi !
2H20 : En passant devant la porte d’un box, je vois une mamie se débattre de toutes ses forces pour éviter qu’on lui prenne ses constantes. Elle a beau être attachée, elle parvient à bien embêter l’infirmière et son aide-soignante. Ce sont ces patients-là qui pompent le plus d’énergie n’empêche !
2H40 : Un patient fortement alcoolisé (2,56g par litre) arrive. Non non je sais ce que vous vous dites mais non ! Je n’ai (pas encore) jamais été dans cet état-là ! Quand l’infirmière de l’accueil l’amène et explique la situation à l’aide-soignante du secteur, il se met direct à croire qu’on l’a insulté et qu’on s’est moqué de lui. Il dit qu’il n’est pas un chien et qu’on ne parle pas de lui de cette façon. Et des « salopes » en guise de ponctuation… Mais l’aide-soignante qui le prend en charge a du métier. En lui parlant calmement sans élever la voix, en ne lui faisant pas la morale, en discutant de son métier, de sa famille etc… Elle parvient à plus ou moins le calmer. Là encore je me redis que cette personne a beau être « juste » aide-soignante, elle en sait tellement plus que moi ! Enfin croyez pas que j’étais arrivé en pensant que les infirmières et les aides-soignantes n’étaient rien par rapport à nous les médecins. Non, j’avais déjà conscience que tout le monde de la secrétaire à l’interne en connaissait plus. Tous les discussions avec elles ou les prises en charges dont j’ai pu être témoin n’ont fait que renforcer ma conviction.
Je dois le mettre le petit bracelet alors forcément j’angoisse un max. Surtout qu’il venait tout juste de dire que ce n’était pas un chien donc lui mettre le bracelet d’identité juste après ça, pas facile hein ! Vous vous demandez surement pourquoi je suis resté non ? Là encore il s’agissait pour moi de me « dépasser ». Il faut que j’arrive à gérer les personnes qui ne sont pas calmes. Alors même si j’ai vraiment peur, on va se calmer, essayer de sourire et parler aimablement et tout va bien se passer !
Et tout en lui demandant ce qu’il aimait boire et en lui parlant de mes préférences à moi (autant rester sur un sujet qu’il connait bien pour gagner sa confianceJ) j’en profite discrètement pour lui demander dans la conversation si je pouvais lui mettre le bracelet. Il accepte. Ouf !
2H50 : Fort de mon succès, je vais voir la petite mamie de tout à l’heure pour essayer de la raisonner. « Madame, calmez-vous. Vous savez, les infirmières sont là pour vous aider et puis si vous faîtes comme elles disent, vous pourrez rentrer plus vite à votre domicile ». Rien à faire. Enfin déjà moi, elle ne me prend pas en grippe puisqu’elle voit bien que je ne suis pas d’ici ! Et ouais t’as vu, je viens d’une contrée lointaine à des univers, des galaxies du monde médical : La PACES
3H15 : Une infirmière m’imprime un examen d’un patient que je viens tout juste de brancarder en AUV (accueil urgence vitale) et m’explique toutes les normes et le pourquoi du comment de la prise en charge. Elle est très pédagogue et je comprends presque tout. En gros le monsieur est en sevrage alcoolique, il va donc falloir prendre ses constantes, son alcoolémie, son taux de sucre (car l’alcool détruit le sucre) ainsi que d’autres paramètres pour les entrer dans l’échelle de Richter Cushman Puis le médecin décidera ou non de le perfuser ou non et de demander une bio (prise de sang).
Comme il a convulsé, il faut voir s’il est orienté dans l’espace en lui posant une série de questions dont les réponses détermineront une note entre 0 et 15. 15 c’est vous et moi quand on est normal. 0 c’est moi dans mon état d’une limace cadavérique à 3H50 du matin. Non, je rigole, 0 c’est le coma. C’est ce qu’on appelle l’échelle de Glascow. Il faut aussi lui faire un ECG.
Puis lors de sa bio, on découvre qu’il est en manque de potassium : c’est l’hypokaliémie pouvant engendrer des troubles du rythme cardiaque. Alors il faut vite le transférer en AUV pour une surveillance accrue et un monitoring et lui faire une SAP de potassium.
3H50 : Je suis mort, disséqué et enterré ! Je me sens aussi mobile et lourd qu’un tracteur. Quand j’entends « ça va mon ptit chat ? » C’est mon infirmière attitrée qui prend de mes nouvelles. Elle est trop meugnone elle !
4H30 : Le STU arrive enfin pour transporter la jeune patiente schizophrène (qui s’était pris 2 loxapacs supplémentaires entre temps). Et bien, ce n’est pas trop tôt !
4H50 : C’est l’heure de la pause ! Outre l’histoire passionnante d’une infirmière qui nous dit beurrer sa brioche régulièrement ce qui engendre un gros blanc suivi de rires (d’autant plus qu’il y a notre infirmier blagueur). Je retiendrai aussi le coup de gueule de ma petite infirmière attitrée envers un interne.
C’est parce qu’une patiente arrivant pour de lourds problèmes et devant être transférée au plus vite est repartie immédiatement. Vous ne comprenez pas ? La vrai raison du coup de gueule c’est que cet interne s’est attribué tout le mérite de cette prise en charge efficace et maîtrisée (« oui mais qu’est ce que je suis bon, c’est allé très vite et tout ») alors que les infirmières avaient effectué un gros travail en amont (intubation, perfusion, lavage vésical et autre) en un temps record !
Quand je vous parlais tout à l’heure de savoir dire merci et de reconnaître le travail des autres à leur juste valeur…
5H20 : Coup de fil de l’hôpital dans lequel est arrivée la patiente schizophrène. Apparemment, ils n’ont pas été prévenue de son arrivée ce qui est tout à fait mensonger puisque le médecin avait téléphoné à plusieurs reprises au service et à l’accueil pour prévenir. L’interne au téléphone envoi littéralement balader l’infirmière qui avait pourtant pris en charge la patiente et pouvait le renseigner. Il exige de parler au médecin. Un autre grand malin celui-là ! Surtout que le médecin de devait pas être réveillée après 5H du matin puisqu’un autre prenait la relève de la garde. Et émerger aux cris d’un interne beuglant et mugissant au téléphone, la pauvre médecin n’a pas dû apprécier.
6H00 : Mon aide-soignante préférée me raccompagne à la maison. Merci à elle
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