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Docteur ou Retour sur la polémique VDC

"Docteur " ou Retour sur la polémique VDC (Vie de Carabin)

Medecin

 

Hein ? Quoi ? What ! Encore un billet sur une polémique ! Et bien dis donc va falloir que je pense à créer une nouvelle section de blog si ça continue moi ^^

Alors de quoi s'agit-il plus exactement ?

Dans ce billet, après avoir rappelé le pourquoi du comment, on va essayer de prendre un temps pour se poser, pour réfléchir, aller un peu plus loin que le bout de son nez.
Et pas seulement commenter ou prendre parti pour l'un ou l'autre. D'ailleurs à quoi ça servirait sinon, aucune valeur ajoutée et aucun intérêt n'est ce pas ?

Il ne s'agit donc pas (cette fois ci en tout cas) de clairement et surtout d'emblée de prendre parti pour l'un ou pour l'autre des 2 camps mais de tenter à partir d'une situation explosive de départ de voir comment en sortir grandi sans distribuer de bon points d'éthique, de bien ou de mauvaise pensance. Juste de prendre un peu de hauteur, de souffler et de repartir plus fort en ayant réfléchis, nourri sa pensée.


Vous êtes prêt ? Alors c'est parti !

 

Vie de Carabin ces derniers temps a publié sur Twitter quelques dessins qui ont fait beaucoup parler en bien mais aussi en moins bien (pour rester gentil).
Un en particulier a suscité le plus de réactions, je vous laisse vous faire votre propre idée.

 

L'origine de la polémique

Face a ce tweet, dans ma TL énormement de " bouhhh VDC est devenu méprisable, facho, arrogant, imbu de lui même, stupide " etc etc... D'ailleurs il suffit d'aller regarder tous les commentaires sous le dessin original. Pas forcément les plus bienveillants, d'autant plus que selon ces même personnes ça fait plusieurs fois que VDC montre de la suffisance, ce dessin étant celui de trop.

Je passe sur les critiques, un peu sous la ceinture et commentant la qualité graphiques des dessins ainsi que les insultes qui n'apportent rien pour me concentrer sur celles sur le fond.

En voici un des exemples les plus repris :

Les critiques

Pour résumer le reste, on a repproché à Vie De Carabin son mépris sous couvert d'humour, sa stupidité de faire croire qu'un médecin ne pense pas, s'efface, d'être une caricature des médecins, d'avoir un énorme égo a vouloir absolument se faire appeler docteur d'autant plus que son postulat serait faux, bref d'avoir pris le melon.

D'autres encore ont critiqué le fond du propos en ressortants de vieux dessins en contradiction apparente avec le principe énoncé dans le tweet de base, par exemple sur le " permis de procréer " qui implique un jugement implicitement du patient... peu importe qu'il ait raison ou pas.

Quelles conséquences ?

Et bien pas mal de monde a interpellé l'ordre des médecins, ses partenaires comme ConfPlus ou la MACSF.

Et quelques jours après on apprend sur Twitter que cette dernière supprime son partenariat.

Le moment de la reflexion

Bon ça y est ouf. Le débat est posé, la situation de base a été exposée, du début à la fin.

Alors, plutôt que de vous ranger dans un camps ou dans l'autre d'emblée, venez avec moi, je vous propose de prendre un peu de distance et d'analyser tout ça.



VDC, médecin ou auteur de BD ?


Déjà constat de départ, on doit bien reconnaitre que même si VDC parle de neutralité derrière la blouse, ce n'est pas toujours le cas en pratique (a-t-il d'ailleurs affirmé que blouse = neutralité d'emblée ?).

Pour autant, Vie de Carabin est-il encore médecin quand il dessine ?

Car en effet, ses dessins viennent de son quotidien et donc sont tirés de situations ou il avait sa blouse.
N'est-il pas aussi un artiste (que l'on aime ou pas), un dessinateur ? Hors on reproche trop souvent aux artistes de rester consensuels ou bien pensants, de ne pas oser cliver, d'être fades, de ne pas s'engager. Des sportifs, joueurs de foot, en passant par les chanteurs pour finir sur les tous les créateurs de contenu en général. N'est ce pas pourtant " leur rôle " de pointer des problèmes, de réfléchir et faire réfléchir, de dire ce qu'on pense être tantot une bêtise tantôt un point particulièrement pertinent ?

Des dessins sans rien derrière ou dedans, qui n'éveillent rien dans le lecteur ne seraient-ils pas inutiles, dénuets d'intérêts, fades ?

Alors certes, vouloir parler du fond, donner son avis, une opinion ou une pensée, ça n'excuse pas tout, on peut être maladroit, avoir tort ou raison, se tromper comme toucher juste mais on a eu au moins le mérite d'essayer de penser.




Le médecin VDC juge-t-il ses patients au travers de ses dessins ?


Ensuite certains se sont fait un plaisir de retrouver des dessins ou l'auteur semble juger ses patients...


Deux autres objections après avoir déjà montré que le dessinateur ne doit pas être superposé au médecin qu'est VDC.

Premièrement rien indique dans ses dessins la façon dont il pratique la médecine. Peut-on juger le docteur VDC en fonction du dessinateur VDC, de son humanité, son relationnel et son professionalisme sait rien connaître en pratique comment il est lui même au quotidien avec ses patients ? N'est-ce pas présomptueux ?

Après tout on pourrait objecter qu'à travers ses dessins on peut entrevoir sa vision des choses et de là en finir à par critiquer son éthique. Sauf qu'encore une fois ça faire un lien direct et se précipiter vers la critique " facile " est une erreur. Après tout, pour moi aussi, raconter mon quotidien, ma vie, des situations cliniques, defendre des points de vu, pousser des coups de gueule et des coups de coeur, ici sur ce blog, c'est mon défouloir. Ca m'aide aussi a remettre de l'ordre dans mes idées, à prendre du recul, à réflechir et j'espère en sortir meilleur, plus appaisé.

Ce que je veux dire c'est que ce que je vous dit à vous, je ne le dirai pas nécessairement au patient, plus important encore, je ne le lui ferai même pas ressentir. Ce n'est pas parce que j'aurai décidé ici de dénoncer (à juste titre ou non) une situation que j'ai été odieux, méprisant, suffisant ou paternaliste envers le patient.

Et au final, pour un dessinateur (et donc un artiste, moi j'irai pas jusqu'à me comparer ou ça haha sinon mon melon exploserait ^^) qui se nourrit de son quotidien, la BD et le dessin ne sont-ils pas aussi une façon de prendre du recul, de rire, ou de dénoncer, se défouler pour aider à être bienveillant et respectueux en face de son patient peu importe ce qu'on peut en penser tout au fond de soi ?


Deuxième remarque, est-on sûr que tout est réel ? Je m'explique, certes VDC s'inspire de son quotidien mais rien ne dit que chaque patient est " une histoire vraie ". Je veux dire que rien ne lui interdirait pour dénoncer telle ou telle chose de grossir un peu le trait, voire presque caricaturer une attitude ou une situation (peut être souvent rencontrée en pratique d'ailleurs qui sait mais de façon moins évidente) pour créer un décalage, un effet comique ou mettre en évidence quelquechose.

C'est peut être là ou s'arrête ma propre comparaison avec un dessinateur car moi je raconte, je reflechis, je dénonce, je blague mais je n'invente pas alors que lui c'est un peu de tout à la fois.

Tout ça pour dire qu'il est difficile de ne pas juger un personnage que son auteur a créé pour faire passer une philosophie, un message, une critique de la société. C'est le tableau d'ensemble qu'il faut regarder et non les composant du tableau qui pris séparement et hors contexte ne peuvent mener qu'à une mauvaise interprétation finale du total.



Essayons de synthétiser tout ça !



Pour résumer, ce n'est pas parce que certains dessins peuvent sembler donner le beau rôle (ou le mauvais) à tel ou tel personnage qu'il soit patient ou médecin que tout est à prendre au la virgule près du premier ni même du second degré.

Et ce n'est pas non plus parce que certains dessins donnent le mauvais rôle à des patients que VDC va nécessairement les juger une fois la blouse enfilée. Vouloir l'attaquer directement sur ce point en croyant soi même être le defenseur de la bonne parole n'est donc pas recevable.



Arrogance ? Mépris ? Suffisance ?


Autre remarque, peut on parler d'arrogance, de mépris envers les patients, de suffisance ?

Déjà tout dépend des points de vue. Untel pourra penser légitimement une chose mais un autre pourra très bien en penser une autre de façon tout aussi légitime.
Untel pourra trouver qu'on va trop loin quand un autre trouvera que ce n'est pas assez !


On peut aussi très bien trouver, qu'en effet il y a des situations anormales et que VDC a raison de les pointer du doigt.


En réalité, la définition de la "normale " est assez subjective, propre à chacun (et pour aller plus loin, ce qui est normal dans une société, dans tel pays, à telle époque dans telle situation ne le sera pas à un autre moment).

C'est bien la preuve que les réactions peuvent être diamétralement opposées et que ça peut être légitime de le penser dans les deux cas !


Sauf que là encore je vous renvoi au petit résumé du dernier point. Si on fait la distinction médecin et auteur de dessin, alors on ne peut parler de mépris du premier alors qu'on est sorti du cadre médical. Donc c'est hors sujet.

De plus il faut bien faire la distinction entre 3 types de jugements. Le jugement personnel, le jugement médical et le jugement en tant que dessinateur.


Un exemple que j'ai pu vivre en stage infirmier. Un SDF que l'on appelera Dédé dans un box aux urgence, bien connu du personnel car il y vient régulièrement pour passer la nuit.

Le jugement personnel, c'est ce que je pense intérieurement " mon dieu, ça pue, j'ai pas du tout envie d'entrer dans le box " qui peut se comprendre. Ce qui ne se comprendrai pas par contre c'est l'externe ou l'infirmier.e qui dirait pour rire à ses collègues que ça sent " la chèvre " dans le couloir.

Le jugement médical ou paramédical c'est qu'on a ici un patient précaire au plan social, hygiène et santé. Donc qu'il est légitime de mettre des gants pour l'examiner, qu'il faut avoir en tête au vu d'un état général d'incurie (terme médical pour dire pas propre en gros ^^) toutes les maladies et les complications que ça peut entrainer. Vous voyez donc bien qu'il ne s'agit pas de tout effacer mais de prendre en compte le contexte pour sa prise en charge.

Le jugement du dessinateur (et pourquoi pas du blogueur) ça peurrait par exemple peut être d'utiliser notre dédé, quitte à grossir les traits, montrer des puces qui sautent du brancard ou que sais-je pour critiquer l'absurdité que de devoir venir aux urgences pour avoir un toit sur la tête ainsi qu'un repas chaud le temps d'une nuit.

 

Poussons l'exemple encore plus loin et supposons que ce dessinateur décide de créer un comique en utilisant la réaction des infirmieres/médecins suffoquant sous l'odeur ou même disant que ça sent la " chevre ". Est-ce que ça voudrait dire que l'auteur est abject de se moquer ainsi de ce pauvre Dédé ? Voire même qu'il le pense ? Ou encore que ça se soit vraiment passé ainsi, qu'on ait vraiment dit ça ? Ou est-ce qu'il ne s'agit que d'un procédé de plus pour rendre le message final d'autant plus puissant ?

Si ça se trouve c'est peut être un exemple tout pourri mais je trouve qu'on peut y trouver malgré tout plusieurs points de comparaison avec le sujet de cet article !




" Un médecin ne doit-il pas avoir du tout d'avis ? "


Autre reproche, le fait de sembler dire que le médecin ne pense pas, d'effacer les individualités derrière la neutralité.

Mais a-t-il vraiment dit ça ?

Et d'ailleurs même en semblant être neutre, l'est-on réellement ? Prenons pour exemple la fameuse " neutralité journalistique ". Cette notion est un non sens selon moi ! Car la façon de présenter le sujet, la tournure des questions posées, le montage et tout plein d'autres choses donnent une couleur au reportage, à une interview dans laquelle le journaliste neutre de l'extérieur ne l'est pas dans les faits.

Aucun journaliste ne peut être complètement neutre (on ne parle pas ici des éditorialistes hein) tout comme aucun médecin ne peut être complètement neutre !

Mais pour autant, est ce que ça n'empecherait pas de tendre vers la neutralité derrière la blouse comme un point de mire, un objectif, un idéal, qu'on atteindra jamais mais dont on fera le maximum pour s'en rapprocher.

Il ne s'agit peut être pas de ne pas juger du tout son patient, de ne rien penser, de s'effacer entièrement mais de faire en sorte que ton opinion, ton avis n'influe en rien ou le moins possible sur ta prise en charge, ton relationnel avec ton patient, ta bienveillance, le contact qu'il percevra de toi, le lien de confiance sacré entre le docteur et son patient, ou ce dernier ne se sent pas jugé, est en confiance pour exposer ses problèmes, sa situation en attendant de toi que tu fasses de ton mieux pour l'aider.

Je pense aussi que c'est impossible pour un médecin de n'avoir aucun avis personnel, même inconscient sur telle ou telle situation. Ce qui ne pose pas de problème tant que ton attitude et ta prise en charge n'en sont pas négativement impactées.



En pratique ça donne quoi ?



Pour illustrer ces dernières reflexions on peut prendre 2 exemples, un plus ou moins fictif et un que j'ai pu vivre.

Tout d'abord, l'hypocondriaque, les troubles de conversion, celui qui vient "pour rien " aux urgences, en consultation etc... Malgré tout et même si tout va bien selon toi, il y a derrière une vraie souffrance à prendre en charge. On est pas forcément là pour faire la morale, gronder, faire culpabiliser. Mais plus pour essayer de comprendre, trouver ensemble des solutions qu'importe que dans ton fort intérieur tu soupires de frustration ou d'agacement, ça n'a pas a transparaitre et modifier ton attitude face au patient pour lui faire comprendre que c'est pas possible.

Je veux dire par là que plutôt que d'engueuler, se moquer ou faire sentir son enervement on peut demander avec gentillesse si c'était vraiment utile de venir en urgence pour ce problème, si ça ne cache pas autre chose, il y a moyen de faire passer des messages sans heurter ou s'opposer frontalement et détruire ce fameux lien de confiance...


Autre exemple que j'ai pu voir en cabinet, quelqu'un qui utilisait toutes les combines, vivait des aides de la société, avait fait des enfants là aussi pour être protégé et en pas être renvoyé tout en bénéficiant de la PMI et des dispositifs d'accompagnement. A la fin de la consultation le médecin s'est tourné vers moi avec un sourire dépité et on s'est compris. Pour autant tout au long de la consultation et à aucun moment il a fait se sentir jugé au patient, il lui a parlé de la même façon qu'à n'importe qui d'autre, il n'a pas négligé ses plaintes ou modifié son attitude.


(bon attention hein, ça veut pas dire qu'il faut donner des arrets de travail ou tout le monde, prescrire des examens inutiles si le patient en a envie hein, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit).

Pour conclure sur ce point, je pense donc qu'il faut savoir garder la bonne distance, faire son mieux dans toutes les situations pour rester professionnel, humain, empathique, attentifs aux plaintes, inquiétudes, questions de tes patients. Peu importe ce que tu penses du contexte ou de la situation.

Savoir dire les choses s'il le faut mais sans juger, heurter, culpabiliser les gens. Etre capable de prendre en compte l'ensemble de la situation, adapter son discours ou sa prise en charge tout en restant professionnel et que ton jugement personnel (pas médical et c'est là toute la différence !) influe le moins possible sur ta prise en charge !


" Les médecins, tous pareils, tous robots dans l'idéal ? "



Autre critique que j'ai pu pas mal retrouver étant le fait que ce dessin rendait les médecins tous pareils, gommait les différences, qu'on ne devait plus penser, plus réfléchir alors que c'est en pratique toute une palette de nuances. Pour autant était ce là le but du dessin ? Pas forcément. On peut très bien tendre à la neutralité, à l'absence de jugement personnel tout en ayant son histoire, sa sensibilité, son vécu.

Est-ce que VDC a dit ici qu'en enfilant sa blouse et patapouf abracadabra on devient neutre de façon complètement magique ? Ou est-ce qu'il déroule un modèle, un idéal ? Bien sûr qu'en pratique personne ne peut être tout à fait neutre, bien sûr que l'habit ne fait pas le moine ! Mais ne devrait on pas essayer de son mieux pour inclure cet modèle dans sa pratique au quotidien et l'intégrer au maximum à son éthique personnelle ?

Forcément qu'une situation va parfois plus te toucher qu'une autre en fonction de la personne que tu es. Freud (arghhh mais faut m'expliquer comment je finis par parler de Freud et de psychanalyse sur mon blog, démons de la philo sortez de ce corps !!!) parlait de transfert (du patient au médecin) puis de contre transfert du médecin au patient.

Alors oui et bien sûr que sa sensibilité et son vécu influence ton empathie même de façon inconsciente et il ne faut pas le rayer d'un trait pour faussement l'oublier. J'aurai même tendance à dire que c'est une force. Moi par exemple et vus le savez bien qui ai pas mal souffert dans ces études longues et compliquées je suis peut être plus ouvert et réceptif à la souffrance que d'autres (et je dis bien peut être, je ne peux pas en parler objectivement, mais je toujours de mon mieux pour continuer à voir des patients, des personnes dans un contexte global et pas des pathologies à traiter).

Le tout en fait, sera plutôt dans les situations à empathie négative de réussir à ce moment là de faire abstraction de ta personne et de ce que tu penses personnellement pour te concentrer sur ce que tu penses médicalement parlant, en tant que médecin, docteur derrière ta blouse garrante de cette immense responsabilité et de la confiance placée en toi.



" Oui un patient peut préférer tel ou tel médecin. Même si tous ont la même blouse, tous ne sont pas les même
"


Et oui, ça se comprend ça peut être humain que de préférer tel ou tel médecin. On a tous un contact différent, on se sentira à l'aise ou rassuré avec untel plutôt qu'un autre. De même que ça peut se comprendre qu'une personne LGBT puisse préférer avoir un médecin lui aussi LGBT ou tout du moins ouvert sur ces questions de société, LGBT friendly pour parler franglais ! On a malheureusement trop entendu ou lu d'histoires de médecins n'ayant pas été professionnel envers telle ou telle catégorie de patient, que ce soit sur l'homosexualité, le transgenrisme, la séropositivité, l'IVG et que sais-je.

Et oui grosse news, les médecins sont comme le reste de la population, il y a des cons et des idiots. Comme partout. Mais celui qui voudra être un bon médecin fera de son mieux pour passer outre ses préjugés. Il a le droit de le penser mais pas de le faire sentir à son patient. Quelle que soit la façon, que ce soit son attitude, ses paroles, son discours verbal ou non, sa prise en charge, il doit en faire abstraction.

Pour l'IVG par exemple, un médecin peut avoir le droit d'être contre, ou d'être heurté, choqué par cette pratique, de refuser d'en faire. C'est sa liberté de conscience. Mais il a l'obbligation éthique et professionnelle de prendre du mieux possibile en charge sa patiente, de ne pas lui faire la morale, de la culpabiliser, de lui faire changer d'avis, et doit l'orienter et l'accompagner vers un confrère qui pourra répondre à sa demande, et pas juste se laver les mains du problème et lacher la patiente dans la nature.


Encore un exemple pour illustrer ce propos. Je peux tout à fait comprendre qu'une femme puisse être plus à l'aise d'être examinée par une femme, ou que son gynéco ne soit pas un homme. Certes derrière la blouse je n'ai jamais sexualisé une patiente en l'examinant, des seins, des culs, des plaies, des poils et que sais je j'en ai vu des centaines et des centaines et tant que j'ai cette barrière de la blouse, cette responsabilité du soignant il ne me viendrait pas une seconde à l'idée d'avoir des reflexions sous le pantalon.
Mais qu'importe ce que je pense moi, si c'est plus facile pour la patiente, si ça la rassure, si ça l'aide et bien on peut l'accepter et le comprendre et on a pas à le juger.

Ce qui n'empeche pas derrière qu'il peut y avoir des situations extrêmes, comme une patiente voulant absolument se faire examiner par tel ou telle personne quand bien même ce n'est pas possible parce que le seul interne disponible maintenant est un mec et que c'est comme ça. Bref vous m'avez compris, rien est jamais tout blanc ou tout noir mais une infinité de gris !



Une société du vivre ensemble dans la bienveillance ?


Tout ceci dit, revenons au dessin de plus près et ne lui faisons pas dire ce qu'il n'a pas dit. Le sujet développé c'est qu'il faut voir la blouse et non le médecin derrière, le docteur et non le monsieur, la madame, ou tout autre de ses caractistiques. On peut très bien dire ça sans nier tout ce que j'ai énoncé ci dessus. Ces 2 messages ne sont pas contradictoires à moins de prendre tout au pied de la lettre...

On pourrait même dire qu'idéalement une société " du vivre ensemble " on l'on peut consulter indifférement un médecin peut importe son sexe, sa couleur, sa religion, son " ethnie ", ses opinions (politiques, libertaires, sociétales) est une vision que l'on peut porter. Et plus que le dessin en lui même c'est peut être ça qui a déplut consciemment ou non surtout quand on s'enferme dans une prison mentale d'une lutte de soi contre ceux qui ne me ressemblent pas.

Et qu'inversement choisir son médecin selon tel ou tel critère traduirait un repli, le renfermement de soi même sur une ou sa communauté.

Et c'est possible de dire (ou dessiner) tout cela tout en comprenant que cet idéal n'est pas toujours appliquable en pratique aujourd'hui (cf l'exemple des discriminations de certains médecins envers des LGBT) quand bien même on peut espérer que la société évolue dans ce sens. Et pour cela, et comme pour toute question de société, c'est une question de débat, d'opinion, d'artistes engagés, de lutte et de temps.

Toutefois et c'est une grosse limite à poser : il faut savoir respecter les avis qui ne vont pas dans ton sens. On a trop de personnes, militants (qu'importe ce qu'ils defendent) qui sont radicaux, qui classent tout en blanc ou noir et que tous ceux qui ne sont pas amis sont ennemis. Débattre oui. Insulter non. Ce qui m'amène au point qui va suivre...



" Non, rien ne justifie les insultes ou le harcelement ! "


Pour terminer, je pense qu'il y a un point qui devrait tous nous mettre d'accord.

Que tous les messages d'insultes, les critiques sur la qualité graphique, et surtout l'interpellation de ses marques partenaires par de très nombreuses personnes, ces gens là sont allés vraiment trop loin et que c'est dommage de voir la MACSF lacher ainsi VDC peu importe ce qu'on pense de ses dessins et de ce dessin là plus particulièrement.

A moins d'être raciste, homophobe, antisémite ou misogyne, le fait d'être en désaccord ou heurté par tel ou tel reflexion, on n'a pas a être dénoncé de la sorte, faire pression sur les annonceurs partenaires. Et aucun dessin tout court ne justifie l'harcelement ou l'insulte.

Si le dessin ne tombe pas sous le coup de la loi, on peut critiquer, débattre, s'opposer mais pas insulter, dénigrer ou harceler.

On parle trop en ce moment de la liberté d'opinion personnelle ou collective, du harcelement (et non je ne souhaite pas entrer dans le débat sur cette affaire qui pour le coup sort du domaine de la santé et de mon blog) auxquels nous sommes trop attachés, surtout pour ceux se disant Charlie pour soutenir ces attitudes.

Et malheureusement tous les militants pour telle ou telle cause qui ne sont pas d'accord vont trop loin pour museler à tout point toute pensée qui ne serait pas raccord avec la leur. Et la fin justifiant les moyens on ne cherche même plus à débattre mais à faire taire. On alerte les sponsors, on dénonce, on interpelle l'ordre des médecins, on harcèle, on tente de retrouver la personne pour lui filer des coups de pressions, l'atteindre dans sa vie privée.

Et ça c'est inacceptable. D'autant plus que si on reprend un peu de recul le message principal est d'appeler à être bienveillant envers ses patients et que l'auteur se retrouve harcelé de toute part avec de conséquences concrète pour un dessin est une ironie qui aurait été assez cocasse si elle n'avait pas été aussi grave.

Grave car elle en dit long sur la société dans laquelle on vit. Sur la " bien pensance ". Et la radicalité ou la violence du quotidien. Et ce n'est pourtant pas quand on se trouve dans le camps des " bien pensants " dans le manichéisme du bien contre le mal, des progressistes contre les liberticides conservateurs qu'on a automatiquement raison.



Critiquer, débattre, argumenter oui, menacer, harceler, insulter non ! C'est totalement inaceptable "


Et j'ai pour le coup envie de pousser un bon coup de gueule contre cette façon de faire et surtout de faire taire !

Avec à nouveau plusieurs exemples (oui vous l'avez compris, j'aime bien illustrer, essayer de rendre le tout un peu plus concret).


Le premier, à la télé ou j'ai vu une militante LGBT traiter d'homophobe une personne qui n'était pas contre les personnes LGBT mais exprimait simplement un point du vu intermédiaire, plus nuancé ce qui n'était pas entendable. Je parle des LGBT (et je n'ai rien contre hein !) tout comme je pourrai parler de n'importe quelle autre cause.


Autre exemple, celui d'une infirmière qui appelle sa patiente de 8 ans " ma louloutte " et se retrouve convoquée par ses cadres après une lettre de la maman à l'hopital et l'ARS pour se plaindre.


Ou ces parents (ou ces patients ^^) qui n'hésitent plus à dire et expliquer aux professeurs (ou aux docteurs ^^) leur métier allant même jusqu'à menacer en sortie d'école ou envoyer des lettres aux inspecteurs de l'académie ou au rectorats.


Ou ces patients procéduriers qu'on sent venir avec qui on marche sur des oeufs, j'ai vu par exemple des internes aux urgences prescrire en ville des radios ou des analyses de sang totalement inutiles histoires de ne pas risquer des problèmes par la suite ou de s'éviter une demie heure de négociations ou d'engueulade avec le patient dans les couloirs des urgences.


On devient procédurier au moindre accros, intolérant à la moindre frustration, on s'enferme dans sa pensée, on n'accepte pas les nuances, les réserves ou on croit que tout nous est du et malheureusement des exemples j'en ai des dizaines d'autres encore à citer !

Bref débattre, répondre, critiquer oui. Insulter, ménacer, harceler, museler, faire pression c'est non !


Faire de son mieux pour exclure au milieu de la cours untel en lui volant son gouter pendant que tout le monde regarde ailleurs, c'est un comportement de grosse brute de cours de récré !

Sur ce point là je veux dire que je suis totalement solidaire de VDC et qu'il n'a pas mérité un tel déferlement sans personne ou presque pour venir dire à quel point c'était anormal et odieux de la part de tous ceux qui ont cherché à directement lui nuire.



" Et Doc Junior dans tout ça ? "


Quant à moi est ce que je trouve si important que ça qu'on m'appelle docteur ? Et bien pas vraiment, libre au patient de m'appeler comme il le souhaite déjà qu'en tant qu'externe je passais mon temps à dire que non j'étais pas médecin mais simple étudiant de 4-5-6ème année, externe en médecine. Dire que dans quelques mois je vais être interne et qu'on va vraiment pouvoir m'appeler " médecin " ça me chamboule déjà, le titre de docteur attendra... que j'ai validé ma thèse et mon doctorat et le patient dira là ce qu'il voudra ^^




" Qu'un dessin face réagir, suscite le débat, oui c'est sain ! "

 

Enfin et pour finir, n'est ce pas si mal que de créer le débat, de choquer, de dénoncer ou caricaturer en exagérant certains traits ? Qu'un dessin suscite des réactions, en bien ou mal c'est tout à fait sain !... à condition de rester sur le débat d'idées ! VDC après tout est humain, il n'a jamais prétendu avoir la science infuse d'ailleurs, il peut se tromper ou avoir raison sur certains points, avoir des arguments valides ou erronés, peu importe la question n'est pas là.



" Qu'on pense que VDC ait tort ou raison, là encore la question n'est pas là ! "

 

Qu'on soit d'accord ou pas, la question n'est pas !

La question c'est de prendre l'idée de départ, de reflechir et d'en nourrir sa reflexion pour en resortir non pas avec des certitudes mais avec une pensée au delà de " j'aime ou j'aime pas, ce qu'il dit est stupide ou je suis complètement d'accord avec lui ".


Et au final c'est un petit peu ce que j'ai essayé de faire sur ce billet, en espérant que vous avez apprécié ^^

 

Si jamais vous êtes intéressé, j'avais déjà fait 2 billets qui tournent plus ou moins autour du sujet à lire ci dessous !

http://docjunior.e-monsite.com/blog/le-medecin-soignant-ou-communiquant.html

http://docjunior.e-monsite.com/blog/ma-blouse-ma-fierte.html

Je veux aussi redire que moi non plus je ne prétends pas tout savoir, que si ça se trouve j'ai dit n'importe quoi de A à Z et qu'il n'y a pas de Vérité absolue avec un grand V. J'ai juste trouvé que cette polémique était une vraie occasion de parler de sujets qui me semblent importants... A bon entendeur !

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