Stage infirmier : Jour 3 1/2
- Par docjunior
- Le 10/02/2016
- 8 commentaires
Voici le 3ème jour de mon stage infirmier 1/2 post- PACES juste avant la P2 !
Si vous ne l'avez pas lu voici le 1er article sur ce stage et voici l'article précédent portant sur le 2ème jour
Bonne lecture :-)
Ce jour est est un grand jour. Ou plutôt ce soir est un grand soir, c’est ma première nuit ! Avouons que l’horaire ne fait pas rêver, 22H – 6H ça fait peur même ce n’est rien par rapport aux garde de 24H voire plus (beaucoup plus) des internes.
Cet aprem, j’ai fait une petite sieste de 3-4H histoire d’impressionner tout le monde par une forme éblouissante grâce à ma jeunesse de ne pas être trop mort pendant la nuit. Petit récit de cette « garde » de la nuit (si vous avez compris la référence merci de ne pas trop avoir honte de cette vanne pourrie…)
21H50 : J’arrive à l’hôpital, je passe l’accueil, j’entre dans le couloir et je tombe sur 2 policiers qui surveillent un gardé à vue. Apparemment la visite médicale est obligatoire si l’état de santé n’apparait pas optimal (en effet, il avait des difficultés à respirer et semblait souffrir un peu) mais les infirmières me diront qu’assez souvent ces patients simulent… On en voit des choses à l’hôpital !
22H : L’heure des répartitions. Infirmière A et aide-soignante A en AMC 1, infirmière B et aide-soignante B en AMC 2, l’infirmière C à l’accueil, la D en ambulatoire et la E en AUV.
- Je n’ai oublié personne ?
- Si moi »
- Ah oui alors ptit chat en AMC 2 avec l’infirmière B
Ah oui c’est vrai que je ne vous ai même pas expliqué comment fonctionnent les urgences (ni parlé de mon ptit surnom). Alors il y a l’accueil avec les secrétaires et l’IAO (infirmière d’accueil et d’orientation) qui peut juger tout de suite de la gravité de la situation. A côté, il y a l’entrée pour les patients et une autre pour le SAMU, le SMUR ou le STU (service transport urgent). Puis on passe une porte et on arrive dans le secteur ambulatoire où les patients seront vus par un médecin puis repartiront assez vite après.
Dans le coin, il y a aussi un scanner et une salle de radio. Ensuite on arrive à l’AMC (accueil médico chirurgical) divisé en 2 blocs de 6 chambres chacun. On compte une infirmière et 1 aide-soignante par bloc mais ce n’est pas rare d’avoir bien plus de 12 patients en AMC car souvent on doit mettre les gens dans le couloir pour faire de la place. Enfin l’AUV (accueil urgence vitale) pour les patients en situation de grave urgence.
Il y a aussi une salle de médicaments, une salle avec des sérums physiologiques, une salle avec les repas pour les patients, une pour faire une pause (30 minutes maximum 1fois par quart et pas tous en même temps bien sûr)
Il y a aussi la salle centrale avec un grand écran répertoriant tous les patients, pourquoi ils sont là, depuis combien de temps, sont-ils seuls ou accompagnés, leur niveau de priorité de 1 à 5, les observations et aussi les examens à faire commander par le médecin et ceux qui ont déjà été fait. Vraiment très moderne et efficace sans tâche. Ici tout est informatisé (un ordi dans chaque chambre) donc très peu de dossier papier et c’est plus clair. Welcome to l’ère moderne ! De même que tous les examens type prise de sang peuvent être envoyés dans des capsules au labo par un simple tuyau sans qu’on doive se déplacer (sauf s’il est en panne ce qui arrive parfois, assez souvent même).
(Bon voilà, la partie pénible est passée)
22h15 : j’accompagne l’externe (trop sympa) et l’interne examiner une patiente qui a fait un malaise. On remarque de beaux œdèmes : s’ils sont des deux côtés c’est un problème veineux venant du cœur droit ou du système porte du foie. S’ils ne sont qu’unilatéraux, il faut rechercher une phlébite douloureuse et rouge à la palpation ou une infection, m’explique l’externe. Il faut également vérifier s’ils gardent la forme du doigt ou non lors de la palpation.
Puis ils sortent leur stéthoscope pour examiner la patiente. Mes vieux souvenirs de P1 (et de la journée d’hier surtout) remontent à ma mémoire, valve mitrale ici, valve tricuspide là-bas, l’aorte par ici et la valve pulmonaire par là-bas.
Et tout à coup, l’interne me tend son stétho et me dis d’écouter. Panique panique, euh c’est où déjà qu’il faut le poser ? (j’ai un peu honte à ce moment j’avoue). Une fois ce problème réglé, je peux, pour la première fois de ma vie entendre battre un cœur, inutile de dire que le mien battait aussi fort voire plus. C’est quand même plutôt impressionnant pour la 1ère fois de se servir du stéthoscope (et lors de ce stage il y en aura eu beaucoup des 1ères fois :-) ).
22H25 : Je passe devant la chambre d’une patiente atteinte du VIH (on me l’avait dit tout à l’heure) qui me demande de poser son verre d’eau sur une table. Même s’il n’y avait rien à faire auparavant j’avais (inconsciemment ?) évité de trop m’attarder devant bien que je sache qu’on ne puisse pas se faire contaminer comme ça. Et puis de toute façon, plus tard, je devrai surement soigner des patients avec de bonnes maladies bien contagieuses. Pourtant je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir une légère appréhension. Enfin il faut rester professionnel et ne rien en laisser paraître.
Et imaginez-vous à sa place si tout le monde vous regardait d’un drôle d’air. Non, il faut respecter la personne bien sûr et faire taire ces pensées ridiculement ridicules. Surtout qu'elles ne sont pas du tout fondées, c'est pas parce qu'on est dans la même pièce qu'on peut choper cette maladie. Vraiment débile de ma part mais involontaire. Et si ça commence là je ferai quoi plus tard quand je serai en contact de patients vraiment infectieux hein ?
22h30 : Comme c’est tranquille, l’externe décide encore de m’apprendre des trucs (j’ai eu de la chance de tomber sur lui n’empêche). On va prendre une tension en manuel (parce qu’il y a pas toujours le tensiomètre automatique ? Bah non justement) et regarder les réflexes au niveau du tendon d’Achille, du biceps et du genou sur le ligament patellaire. En gros rien de sorcier, il faut que le patient soit détendu au niveau de là où on va taper puis donner un petit coup au bon endroit.
Pour la tension par contre c’est un poil plus dur. Il faut poser un brassard sur le bras, le gonfler jusqu’à ce que l’aiguille indique 180mmHg, mettre son stéthoscope sur l’artère brachiale (logique remarque). On dégonfle progressivement et quand on commence à entendre les battements cardiaques, c’est la pression systolique * qui est indiquée par l’aiguille. Puis quand on n’entend plus rien c’est la pression diastolique*.
Edit (j'ai laissé ces articles tels quels je les avait écrit juste après chaque jour de stage) : le pire c'est que ça m'a servi en cours où le prof m'avait demandé à combien il fallait gonfler.
- " 180 !
- Pourquoi donc ?
- Parce que c'est ce qu'à dit l'externe pendant mon stage infirmier !
- Ah bah si c'est l'externe qui l'a dit.... (rire général dans l'amphi) "
22H45 : Un grand gaillard de 45 ans (quand même) arrive pour suspicion d’appendicite. Tout fier je lui demande s’il a bien mal au niveau de la fosse iliaque droite (hé hé je me souviens encore un peu de mon anat, l’appendicite c’est un diverticule qui s’enflamme au niveau du colon droit à la jonction avec l’intestin. A quoi sert ce diverticule par contre hormis faire souffrir tout le monde ? Aucune idée…)
A la demande de l’infirmière, je prépare le matos pour une prise de sang (pas de problème), je prépare la perf (pas de problème), je mets le garrot et je trouve une veine (pas de problème non plus) puis j’essaye de piquer et là, catastrophe (fallait bien que ça arrive ou c’était pas drôle) !
Déjà quand je pique, il se raidit une peu (phobie des piqures ?) et lâche un jssss ce qui ne me rassure pas du tout. Alors bien sûr je pique trop en parallèle, pas assez en tangentiel donc l’aiguille ne rentre pas suffisamment en profondeur et c’est raté. Bon j’essayerai une prochaine fois. Un peu déçu, je passe le relai à l’infirmière…
23H45 : Entre temps je vous épargne, les patients que je brancarde d’un bout à l’autre de l’hôpital, ceux que je vais chercher à l’accueil ainsi que leur famille une fois que l’infirmière et le médecin soient passés. J’apprends aussi qu’avant que le médecin ait rendu visite au patient, on ne peut même pas donner un simple verre d’eau ou même un bout de pain. En y repensant ce n’est pas si bête parce que s’il faut l’opérer en urgence, c’est mieux d’être à jeun.
00H : J’amène sur un brancard (les multiples pédales dessus n’ont plus de secret pour moi) un monsieur X âgé de 82 ans qui vient pour un problème vésical. Il nous est déjà adressé par les urgences d’un autre hôpital donc autant dire que sa journée n’a pas due être passionnante).
Il faut lui faire une purge de sa vessie avec une sonde urinaire et 3L sérum physiologique. Je laisse l’infirmière le perfuser car il n’a presque pas de veines gorgées de bonne hémoglobine bien rouge (tiens quand je me relis ça me fait penser à ce que dirait un vampire) et le peu de veines qu’il a ont l’air très fragiles.
Une fois la perf posée, j’aide à ouvrir en stérile le matériel pour la purge et c’est parti (pas moi hein, l’infirmière). L’opération est très impressionnante car le tube qu’on lui rentre dans l’urètre n’est pas si petit que ça et j’avoue qu’on se met un peu à sa place et que cela ne nous plairait pas trop d’y être… Surtout que ça allait être un vrai parcourt d’obstacle pour l’infirmière…
Ce truc est bien plus gros et impressionant dans la réalité que sur une image. Messieurs, un moment de recueillement je vous prie...
* * En gros la systole c'est quand le coeur éjecte le sang et la diastole c'est quand il se remplit de sang avant de l'éjecter à travers l'aorte
Commentaires
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- 1. Petite-cuillère Le 20/01/2016
Waouh ! Bien d'accord avec Patient Psychiatre : ça donne très envie ! Ce jour-là encore plus que les autres. J'ai hâte de lire la suite.-
- docjuniorLe 21/01/2016
Oui je pense que dans ce billet je suis plus médical que dans les autres, je décrit plus les patients, j'explique un peu plus la prise en charge, le fonctionnement et l'organisation des urgences et c'est ça qui le rend plus intéressant. Et ça tombe bien, les autres sont dans la même veine !
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- 2. PatientPsychiatre Le 20/01/2016
Wow, ça donne envie d'y être, de voir ça !
C'est sympa d'avoir ton expérience telle que tu la ressentais directement après le stage.
Et c'est très drôle de reconnaître une bonne proportion des parties du corps dont tu parles après avoir commencé l'anatomie il y a de ça 2 semaines... Décidément, c'est de l'intensif !
Bonne détente post-exam, maintenant !-
- docjuniorLe 20/01/2016
Merci Patient Psychiatre :-) En effet j'ai tout laissé tel quel (ou presque) pour avoir vraiment mon ressenti sur l'instant ! Du coup tout mes billets sont prêts mais je les distille au fil et à mesure du temps ;-) Tu verras quand tu le feras que c'est un moment très particulier, c'est la première fois qu'on passe de l'autre côté et c'est une immense fierté couplée à de la découverte de ce nouveau monde et donc beaucoup de curiosité et d’intérêt. Ce stage était absolument passionnant. Et plus tard externe, j'espère garder ce même interêt dans ce que je fais ou bien il me suffira de revenir lire ces articles pour une piqûre de rappel :) Bon courage à toi pour apprendre l'anat alors !
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- 3. Helene Le 17/01/2016
Ton stage me remet beaucoup de souvenirs en mémoire, je suis une vieille IDE (20 ans) et voir les jeunes passionnés et bien ça fait du bien et me (nous) donne envie de continuer ensemble notre boulot. Bon courage pour la suite Doc Junior-
- docjuniorLe 17/01/2016
Merci, c'est un métier magnifique avec ses bons (et parfois moins bon) côtés mais tous passionnants. C'est une grande aventure dans laquelle je m'embarque et j'ai déjà hâte de retourner à l'hôpital pour les stages en deuxième année qui arrivent en février ! Merci pour le petit mot touchant et j'espère que je continuerai à te donner la pêche !
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- 4. Dr Omadaire Le 17/01/2016
"22h30 : Comme c’est tranquille"
Veinard, ça n'arrive qu'au autres les soirées comme ça. ^^ Je me tape toujours les gardes où la moitié de la ville se donne RDV au SAMU et où on ne ferme pas l'oeil de la nuit ...
Plus sérieusement c'est bien de s'investir et de tenter des gestes, c'est comme ça qu'on apprend et ça évite en M3 se de payer la honte quand on sait pas faire une gazo ;-)
Et la sonde U normalement on injecte un peu d'anesthésique local et ça passe crème =D
Dr Omadaire, externe-
- docjuniorLe 17/01/2016
Aahh mais t’inquiète ça n'est pas arrivé si souvent des soirées à la cool comme ça. Quoi que si je me souviens bien j'étais un peu déçu même car c'est un stage de découverte et j'avais envie de découvrir ! Mais j'imagine que plus tard moi aussi je regarderai avec une pointe d'envie ceux qui raconteraient leur soirées tranquilles ^^ Ah oui j'ai oublié de le dire mais en effet l'infirmière a mis un gel anesthésique avant je crois :-) Ça fait plaisir de te retrouver Dr Omadaire :-D
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