Le stage de pré rentrée
Ça y est ! Le jour de la rentrée ou plutôt le glas de la rentrée a sonné ! Enfin, plutôt celui de la pré rentrée. Alors, en bon petit paces consciencieux, j’avais décidé d’arriver avec mes lames déjà affutées pour découper tous mes autres concurrents ! Parce que oui, j’étais dans cet esprit-là au début. Au début seulement…
Enfin, ne plaçons pas la charrue avant les bœufs. Je vous restitue le contexte : J’ai 17 ans et viens d’avoir mon bac plutôt brillement. Sans modestie vraiment car plus de 19 de moyenne avec les compliments du jury ça reste rare. Alors bien sûr j’étais très confiant dans mes capacités. Trop... Pour moi, l’échec n’était tout simplement pas envisageable. Ça serait dur oui, mais j’y arriverai au bout du compte, ça j’en étais AB-SO-LU-MENT persuadé. En fait je n’avais aucune idée dans quoi je m’engageais. Parce qu’en fait, on a beau te dire que c’est dur, on ne s’en rend vraiment compte que quand on le vit soi-même.
Pour prendre une image, c’est comme quand des vétérans te racontent leur expérience de la guerre. Ils pourront en parler pendant des heures, jamais tu ne comprendras vraiment ce qu’ils ont vécu. Les balles sifflant à quelques cm de toi, la peur de mourir, l’angoisse du combat, la mort de tes camarades. Bref la réalité de l’épreuve du feu.
J’aime bien utiliser cette comparaison parce que oui, la PACES c’est un combat ! Mais pas uniquement un combat contre les autres. Surtout contre soi-même en fait. Jusqu’où sera t’on capable de tenir ? Quelle quantité d’information pourra t’on ingurgiter sans vomir ? Il faut de la hargne, de la pugnacité, une volonté de fer et un mental d'acier pour espérer survivre dans ce monde de requins ! Alors oui, on est comparé aux autres mais c’est avant tout contre soi qu’on se bat ! Mais ça, je ne le savais pas encore au début de ma PACES. A vrai dire je n’avais aucune idée de ce qu’il allait m’arriver !
Pendant les vacances je n’avais pas travaillé. Tout simplement parce que ça ne servait à rien. Les livres sur la PACES sont presque tous des arnaques car ce qui compte c’est le cours du prof et rien que le cours du prof (synonyme : le saint Graal). Et oui ! Un seul et même thème peut s’aborder de 1000 manières possibles et différentes. Donc si le bouquin n’est pas écrit par le prof lui-même, oublie ! Je ferai peut être une exception pour les atlas d’anatomie pouvant être utiles mais ça n’ira pas plus loin à mon avis. Donc tant qu’on n’a pas les cours du prof, travailler sur quel qu’autre support est tout simplement une perte de temps extraordinaire ! J’avais donc décidé de profiter des vacances pour bien me reposer avant d’attaquer cette célèbre première année de médecine.
D’ailleurs j’étais dans les meilleures conditions pour réussir : mon appart n’étant qu’à 15 minutes de la gare, 30 secondes d’un supermarché et 5 minutes de la fac ou de ma prépa. L’emplacement parfait quoi !
Je me suis inscrit à une prépa plus parce que les 2/3 de la promotion y étaient que pour autre chose. Et puis j’en avais entendu du bien. Beaucoup de bien… Certains voient surement les écuries comme des machines à fric essorant de leur argent les pauvres PACES complètement noyés dans le torrent de la connaissance, dans le flot du savoir qu'il leur faut intégrer en si peu de temps. Et bien pas dans ma fac ! Ma prépa était vraiment très humaine. Un personnel à notre écoute, un directeur attentif n’hésitant pas à remonter le moral à ceux en détresse. Une organisation remarquable. Des tuteurs motivés et disponibles. Des colles de qualité. Donc que des ingrédients pour nous faire réussir !
Et surtout je peux dire que le prix reste tout à fait honnête ! Ça va chercher dans les 1500 euros pour la formule complète de colles et de séances d’exercice. Pas donné certes mais ce n’est rien vu qu’il faut souvent débourser le double voir le triple ailleurs ! Dans certaines villes, c'est un investissement collosal (comme le déficit de la France lui aussi collosal). Alors on peut dire qu’on a de la chance chez moi !
Ceci dit je reste conscient que 1500 euros, ça reste une quantité d'argent énorme et de la chance que j'ai pu avoir.
Je me suis inscrit au stage de pré rentrée pour commencer à prendre un peu d’avance sur les autres. Mais comme on rentrait tard de vacances, j’ai dû prendre la formule ultra-dense. Plus concentrée que le lait concentré c’est pour dire ! Une semaine intensive de 8H de cours par jour. 8H-12H, pause déjeuner puis 13H-17H. Comme une journée de lycée en fait je croyais…
ERREUR ! C’est même pas que j’étais à côté de la plaque mais de la planche de surf ! Et oui, en rythme et en densité 1H de cours en médecine, ça représente au moins 4H voire plus de terminale. Alors le soir bien sûr, si on ajoute le décalage horaire que j’avais aux 36H/24 de cours, j’étais complètement destroy... Du coup en essayant d’apprendre, j’avais l’impression que les mots se mélangeaient et flottaient devant mes yeux.Comme s’ils me nargaient en fait ! Impossible ou presque d’apprendre quoi que ce soit... Et je finissait inlassablement par m’endormir sur mon bureau. C’est juste tellement frustrant vous n’imaginez même pas !
Au menu de la pré rentrée, il y avait 4 matières principales : l’anatomie (UE5), la physique (UE3), la chimie (UE1) et la biochimie (UE1). Une montagne de connaissances donc ! Sauf que par rapport à la PACES, cette montagne ce n’était plutôt que la première marche de l’escalier de la souffrance. Et si on rate une marche ? Et bien c’est du retard qu’on prend. Et en PACES, le retard mal géré, c’est fatal (je vous en reparlerai une autre fois).
Du coup j’ai pu faire connaissance avec de nouveaux mots un peu bizarroïdes. Dans le style sterno-cléido-mastoïdien en anatomie ou encore l’alpha céto glutarate déshydrogénase du célèbre et inimitable cycle de Krebs en biochimie. Vous m’avez compris, des centaines de mots un peu barbares…
En chimie on apprenait les bases des réactions (chimiques bien sûr). Les effets inducteurs et mésomères n’ont maintenant plus aucun secret pour moi. Premier aperçu sympathique comme tout de ce qui m’attendait. Un avant-gout de l’enfer oui !
Autre intérêt du stage : rencontrer du monde. Et oui, réussir tout seul sans jamais parler à qui que ce soit, c’est juste impossible ! Il faut absolument avoir des amis sur qui compter. Pour discuter de tout et rien, se détendre, s’échanger des cours ou des infos utiles, réserver des places. De l’entraide quoi ! La vraie, celle qui est juste vitale. Mais ses amis, il faut vraiment les choisir avec soin car on a tôt fait de se laisser gangrener par ceux voulant aller boire un verre et faire la fête. J’ai pu entendre des « Allez viens, ce n’est que le début, on a toute l’année pour bosser ». Sauf que non, tout se joue du 1er jour au dernier !
Bon moi, je ne connaissais personne ou presque en médecine. Mes amis étaient ailleurs et il ne me restait plus que quelques connaissances lointaines avec qui j’avais plus ou moins des atomes crochus. Et c’est là ou ce stage est utile. C’est juste que les rencontres se font au début de l’année et si tu rates le train, tu restes sur le quai pendant un an. Et ça équivaut à une traversée du désert ! Alors une semaine de plus pour rencontrer du monde surtout si on est un peu timide, ça ne se refuse pas ! Si bien qu’à la fin du stage, j’avais déjà rencontré 3 des 6 personnes avec qui j’allais souffrir pendant 1 an.
Au final j’ai trouvé ce stage vraiment génial surtout que ce qui est abordé, même si ce n’est pas grand-chose, permet de partir du bon pied. En gros il y a 4 catégories de personnes dans les primants :
- Ceux qui ont fait un stage de préparation et qui sont en avance à la gare
- Ceux qui ne l’ont pas fait mais se mettent tout de suite sérieusement au boulot. Ils arrivent pile à l’heure pour le départ
- Ceux qui ont du mal au début ou déconnent. Mais au final ils arrivent à prendre tant bien que mal le train en route. Sauf qu’ils seront en 2ème classe !
- Et ceux qui courront derrière sans jamais parvenir à le rattraper
C’est pourquoi je dirai que ces stages ne sont pas déterminants dans notre année, on peut tout à fait s’en passer mais ils permettent à ceux qui y participent d’attaquer la rentrée en s’étant déjà remis dans un certain rythme de travail. D’ailleurs, le peu que j’ai pu retenir m'aura beaucoup aidé parce que passer de la terminale à la PACES allait énormément me désorienter. Dans le prochain billet, je vous expliquerai à quel point j’étais perdu. Alors ces quelques connaissances furent ma bouée de survie, mon filet de protection pour ne pas sombrer dès le début.
Cependant je regrette beaucoup d’avoir pris un condensé de connaissances en une semaine qui se sera révélé un peu indigeste au final. Ce qui a engendré chez moi une forme de frustration que j’allais inconsciemment garder pendant plusieurs mois. Et oui, c’est terrible de voir que le lendemain d’un cours, les autres le connaissent déjà plutôt bien et pas soi ! On a l’impression de prendre du retard sur les autres et ce n’est pas agréable du tout, je vous assure ! Alors qu’en fait c’était complètement faux, je ne faisais que prendre un peu moins d’avance, c’est tout !
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