Stage infirmier : Jour 1 2/2

Infirmier 1

La suite de mon 1er jour aux urgences !

Si vous n'avez pas lu le début c'est par ici : mon premier stage infirmier jour 1 : 1/2

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Ça y est, il est 8H et les tout premiers patients commencent à arriver. J’ai hâte de voir comment ça va se passer ! Et je suis tout aussi impatient de participer à la prise en charge ! Euh doucement Doc Junior, parce qu’à part t’émerveiller devant toutes les nouveautés des urgences tu ne sais pas (encore) faire grand-chose.
Je me dit au final qu’il vaudra mieux au début s’imprégner du fonctionnement hospitalier, des gestes de la prises en charge. Puis dans un second temps essayer de participer et d'agir.

 

Mais lors de la présentation du stage infirmier, on nous avait dit de ne surtout pas rester passif dans son coin ! Hé bien dans ce cas je serai un élève passif dans l’action mais actif dans la parole. J’ai toujours des questions à poser, ma curiosité ne connaissant aucune limite ! Mais pourquoi fait t-on ceci ? A quoi sert cet instrument ? Qu’est ce qu’il a ce patient, pourquoi lui applique-t-on ce traitement. Etc…  (Bien sûr tout en respectant la personne, je ne vais pas par exemple parler de quelqu’un dans sa chambre en face de lui comme s’il n’existait pas par exemple).

 

Box 8 de l’AMC (oui ce ne sont pas des chambres aux urgences mais des boxs) :
 

Mme K qui avait perdu connaissance en pleine rue. Alors forcément c’est l’occasion de voir ma première prise de sang et perfusion. Je vous épargnerai le protocole (une fois avec les sutures et vu mon talent littéraire c’est assez pour l’instant je pense J) mais en fin de compte c’est pas si simple que ça alors que pour l’infirmière c’est un geste basique de routine. Mettre le garrot, trouver la veine, piquer après avoir choisi la bonne taille d’aiguille et connecter ça au tube, pas si simple. Et enfiler des gants stériles sans les destériliser c’est une sacrée paire de manche ! (mille excuse pour ce jeu de mot pourri je n’ai pas pu résister).

 

Les petits tubes contenant le sang sont prestement étiquetés et envoyés au labo qu’on pose la perf (enfin on, moi j’observe). Soit du sel, soit du sucre, ça dépend de la cause d’hospitalisation. Par exemple, un patient cardiaque on ne lui donne pas de sel (pour ses artères) et un patient avec un problème neurologique, ce ne sera pas de sucre. Elle connecte un appareil à la perf, purge l’air du tube et le branche sur l’aiguille. Purger le tube c’est essentiel car il est évident que si on injectait de l’air directement dans les veines du patients en lieu et place de la perfusion, ça ne serait pas très thérapeutique et mettrai la personne en danger.

En passant observez la superbe utilisation du vocabulaire médical : petit tube, aiguille, appareil à perfusion, je crois qu’on voit bien que je ne sors que de P1.

 

Puis vient le tour d’un monsieur qui ressent des fourmillements dans l’hémiface gauche. Alors on lui fait un ECG parce que dès qu’un patient à mal au niveau de la cage thoracique ou ressent des fourmillements, on doit vérifier l’activité de son cœur par électrocardiogramme. L’infirmière fait bien son travail en expliquant pourquoi il est nécessaire d’effectuer un ECG. Ce ne sont que quelques mots, 20s grand max + 1 ou 2 questions éventuelles mais ça change tout ! Imaginez bien ce que c’est que de se dévêtir le torse pour y coller des électrodes en tous sens branchées à un imbroglio de fils. Bah oui ! Chez certaines personnes ça peut faire peur alors que c’est un acte complètement banal pour les infirmières. Mais ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas expliquer le pourquoi de l’examen. Aussi anodin soit-il (pour nous en tout cas).
Puis on envoie le patient au scanner.

Dites si vous plait je peux aller voir ?  Pas de souci on se retrouve tout à l’heure !

 

Et me voici parti vers le scanner, une machine balèze à rayon X qui doit couter dans le million d’euro, rien que ça. Derrière la vitre de protection plombée, le médecin en charge m’explique le principe, un tube tourne autour du patient et projette des rayons et on va modéliser et combiner de très nombreux plans pour réaliser sur ordinateur des multitudes de coupes fines sous différents angles. Mais pas de panique c’est au programme de la P2 (oui je confirme à présent, je suis incollable sur les scanners et l'explication qu'on m'a faîte est vraiment assez simpliste bien qu'elle ait le mérite de résumer clairement le principe général).

 

Puis on peut regarder tout ça depuis l’écran du PC. Je vois les coupes depuis C2-C1 avec les 1ères vertèbres cervicales, au niveau des ventricules cérébraux etc… Assez impressionnant la 1ère fois. D’ailleurs tout en parlant elle me détaille les structures anatomiques et je me redis à ce moment qu’il faudrait éventuellement relire un peu mes cours d’anat. C’est fou à quel point on oublie ça vite…

 

En sortant j’attrape au vol un interne et décide de m’inviter à ses côtés pour observer un peu ses activités, un interne me propose gentiment de l’accompagner pour l’examen du prochain patient. Pas de chance, il est un peu, euh, dérangé on va dire, n’arrête pas de marmonner, de dire qu’il a mal mais pas comme une personne normale le ferait. Et il va aussi répondre aux questions en mélangeant sa réponse à des plaintes de tout et n’importe quoi si bien que ça en devient presque un charabia incompréhensible, enfin presque. Perturbant.

 

Mais l’hôpital doit prendre en charge tout le monde, et on ressent une souffrance (consciente ou non) de la part de ce patient. C’est vrai qu’au début j’ai été un peu dérouté de voir l’interne dos au patient sans l’écouter, remplir des tas de données dans l’ordinateur. Sans trop preter attention à la litonie plaintivement incompréhensible du patient. Ne devrait pas t'on être aux petits soins avec lui ? Répondre a chaque demande, à chaque plainte, à chaque souffrance ? Oui ! Et non ! Car malheureusement ce n'est pas toujours possible...

Comme dans cette situation par exemple car il n'y a pas de cohérence dans la plainte. Qui revient sans cesse sans qu'on puisse la comprendre. Sans aucune logique. Vous me direz qu'il faut décrypter le message, prendre le temps de la compréhension. Sauf que le temps, on en a pas. Bien sûr l'interne s'en est occupé, il a essayé de le soulager et de le prendre en charge. Des dilemnes, il y en a toujours. Et celui-ci n'a été que le premier d'une longue série de questionnements, d'interrogations. Soigner ce n'est pas évident. Ni techniquement, ni moralement.



Mais bon j’ai vu après qu’il avait déjà reçu en traitement calmant de quoi mettre au sol un cheval, que malgré cela, il était très agité, sortait sans cesse de la chambre (les pauvres infirmières et moi aussi passions notre temps à l’y ramener) alors je pense que ça ne devait pas être très productif surtout qu’il y a beaucoup beaucoup de monde maintenant. Si un médecin reste trop longtemps avec un patient, il n’est pas là pour les autres. Dit ainsi c'est un peu sec certes mais ça n'en reste pas moins vrai. Et c'est là qu'on se heurte au sempiternel problème des moyens financiers et humains de l'hopital. Mais c'est un autre débat...

 

Et j’assiste ensuite à mon premier TR, pour les non-initiés, c’est toucher rectal. Je sais pas pourquoi mais sans m’en rendre compte je m’étais progressivement installé vers le bout de la pièce, disons que c’est pas très poétique quoi. Mais l’interne me fait signe d’approcher. En gros le TR permet de détecter les fécalomes typique des personnes âgées (tapez ça sur Google image, c’est magnifique, si si je vous assure qu’il n’y a pas de piège) ou un cancer de la prostate par exemple chez les hommes. Il permet également de détecter une péritonite (inflammation du cul de sac de Douglas au niveau du péritoine) douloureuse au TR provoquant le très fameux cri de DOUGLAS !!! (qui fera l’objet d’une anecdote dans la partie PACES)

 

Juste après je rate une ponction lombaire, trop de monde déjà dans la salle, il s’agit pas non plus de l’envahir car pour le patient ce n’est surement pas très agréable de se sentir observé ainsi par toute la clique d’externes. Alors s’il faut y rajouter un P2 en plus on passe en surnombre. Du coup quand je toque et demande si je peux entrer voir, la réponse est plutôt claire, je suis indésirable ici. Je crois qu’il est temps pour moi d’effectuer un repli diplomatique...

 

Retour donc dans le bureau des infirmières à discuter avec l’une d’entre elle qui me raconte une histoire vraiment horrible (je vous la raconte dans un prochain post), quand j’y repense, je suis toujours émut. Et elle me dit aussi de bien faire attention d’être poli avec toute l’équipe médicale plus tard car même si la politesse peut sembler la base, il y a des externes/internes qui l’oublient un peu (parfois c’est le stress aussi).C’est sûr que de dire « infirmière, infirmières, je veux les résultats de l’ECG » ne permet pas de se faire que des amis si vous voyez ce que je veux dire.
 


En effet, il arrive que certains « s’oublient un peu ». Ils sont en études de médecines eux n’est-ce pas ! Ou alors ils n’ont pas fait l’effort de retenir les noms de ceux avec qui ils travaillent (mais n’oublions pas qu’ils y a 3 équipes par jour d’infirmières qui se relayent et que ça en fait des prénoms à retenir). D’autres fois encore ce n’est que de la timidité.

Enfin pour moi le respect des règles élémentaires de politesse me semble une évidence absolue dans n’importe quelle situation. Et de toute façon tout le monde ici de la secrétaire au chef de clinique en passant par les aides-soignantes, les infirmières, les externes ou les internes en savent plus que moi sur le fonctionnement de l’hôpital et des urgences… Mais même plus tard, il n’y a aucune raison de prendre l’équipe médicale de haut puisque c’est justement une équipe. Je vois plus le médecin comme le capitaine qui coordonne les soins mais ne serait rien sans ses joueurs de base, ses partenaires, ses équipiers. Les oubliers, les prendre de haut et c'est la défaite assurée. Mais pas que pour l'équipe. Car c'est le patient qui serait la première victime ! Toutes les fois où l'aide soignante par ses remarques a permit d'éviter des oublis par les infirmières dans la prise en charge par exemple. Il y a une hierarchie certes mais il faut savoir l'appliquer dans le respect et l'écoute. Mais voilà, on m'expliquera plus tard que la hierarchie aux urgences et à l'hôpital, c'est tout à fait différent !

 

 

Puis je propose mon aide à la gérante pour ranger quelques médocs. En fait elle s’occupe de toute la logistique de l’hôpital. Les urgences n’étant qu’un secteur parmi d’autres...
Un ordinateur, une machine à ECG qui ne fonctionne plus ? On s’adresse à la baronne (son surnom).Il manque des pieds à perf ou des brancards ? Même interlocutrice ! Pour les médicaments et tout le matériel c’est aussi elle qui est chargée de remplir le stock ! Et vu la taille et surtout le poids des caisses, ce n’est pas une mince affaire…

 

Apparemment mon aide puisqu’elle a été appréciée puisque je reçois 3 petits manuels sur tous les gestes infirmiers qui peuvent être pratiqués aux urgences. Ce qui fait très plaisir puisque je n’attendais rien en échange !
Et voilà je n'ai pas vu le temps filer que ce premier jour est déjà terminé ! Hâte d'être à demain !

 


A lundi prochain pour un billet sur les études de médecine ! Et dans 2 semaines je vous ai préparé une série de 4 articles (à découvrir sur 4 semaines donc même si je vais pas les publier le uns à la suite des autres) sur une journée type de ma paces !

Bonne semaine à vous tous et à lundi :)

 

 

stage médecine Stage infirmier

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Commentaires

  • Dr Omadaire
    • 1. Dr Omadaire Le 17/11/2015
    Toujours un plaisir de te lire !
    Il se trouve que je suis actuellement en stage aux urg (mais en tant qu'externe ^^) et je me retrouve dans quelques unes des situations décrites.
    Un bon conseil pour tes stages à venir : lance toi ! fais des gestes ! PDS, gazo, VVP tout ça c'est la base. C'est bien parce que tu acquières de la dextérité pour accéder à des gestes plus techniques par la suite comme le KT arté (un mix de KT veineux et de gazo) la pose de VVC, etc ...
    Sinon chez nous les infs ne font pas les ECG, c'est plutôt "externe, externes, je veux l’ECG"
    • docjunior
      • docjuniorLe 18/11/2015
      Je note les conseils ;) Je t'avouerai que je sais ce que veut dire des termes comme, VPN, VPP, BU, ECBU, NFS, bilirubine, prandial, dyspnée, polypnée, cyanose, asthénie, myalgie, albunémie, CPK, oedème en godet, pli sous claviculaire, tricipital, bicipital, percussion (tympanique, matité), créatinine, natrémie, interrogatoire, inspection, palpation, percussion, auscultation, signe physique, signe fonctionnel, AEG, défaillance hémodynamique etc etc (vive les cours de sémio et l'exam de bientôt ^^).. Mais je ne comprends pas (encore) toutes les abréviations qui sont pourtant la base je suppose. PDS je pense que c'est prise de sang. Ok mais les autres ? KT = cathéter ? J'irai voir ça :)
  • Nina ATTE
    Je suis d'accord avec vous en ce qui concerne le respect et l'écoute. Prendre de haut les gens ne va pas améliorer l'entente dans l'équipe. J'espère que votre état d'esprit actuel n'évoluera pas dans le mauvais sens ;)
    Pour ce qui est du nombre de médecins qui entrent dans la chambre d'hôpital, c'est quelque chose d'impressionnant. Pour l'avoir vécu il n'y a pas longtemps, ça fait drôle. Je le prends à la rigolade et je me dis c'est comme Dr House, et voilà!
    • docjunior
      • docjuniorLe 10/11/2015
      Oui c'est ce que m'ont dit les infirmières à la fin du stage. J'espère aussi garder ce regard peut être naïf ou idéalisé pour certains mais qui me semble essentiel ! Et je me battrai pour en tout cas ! J'espère que même plus tard avec plus de vécu et d'expérience médicale j'aurai toujours une vision de la médecine telle qu'aujourd'hui bien qu'elle aura inévitablement changée avec le temps, j'espère que son essence restera intacte...
  • cc
    • 3. cc Le 09/11/2015
    Quel beau discours, on en reparle dans 5, 10, 20 ans!
    • docjunior
      • docjuniorLe 10/11/2015
      Ça marche, le rendez-vous est pris ! Oui je sais que mon regard peut sembler encore assez "jeune et idyllique" dans le meilleur des mondes les plus merveilleux. Vu le peu d'expérience à mon acquis n'est-ce pas normal après tout ? Mais je trouve que c'est important de ne pas oublier l'état d'esprit que je peux avoir actuellement. Et me relire dans 5- 10 - 15 -20 ans sera pour moi comme une piqûre de rappel !

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