Combien est ce que je vaux ?

Foutu ECNi

Un classement qui tombe. 4 chiffres (3 pour les meilleurs, 2 pour les dieux et 1 pour les maitres de l’univers).

4 chiffres.

4. Foutus. Chiffres !!!!

 

4 petits numéros pour nous ranger de A à Z dans la course au grand graal de notre future spécialité.

4 chiffres en ligne de mire determinant notre avenir...

 

Quel médecin serai-je plus tard ? Dans quelle spécialité ? Dans quelle ville vais-je passer mon internat ?

On est 9500 cet année (plutôt 8500 habituellement mais pas de bol pour le crus 2021).

9500 à se battre pour accéder a son rêve.

Toi contre les autres.

 

C’est fou de se dire à quel point les études de vos futurs soignants sont dures. Dures dans la durée, dures dans la difficulté et dures pour les nerfs. On s’écharpe, on se massacre entre nous pour être devant son voisin, c’est la réalité crue des 2 concours que l’on passe. Ou l’on espère terminer avant le voisin. C’est très violent. Vraiment.

C’est même brutalement deshumanisant. Et on le vit 2 fois. Et on y pense tout le temps, du 1er jour en P1 pour la PACES (supprimée depuis) puis du premier jour de sa P2 pour les ECNi (ah qu’est ce que ça me paraissait loin malgré tout à l’époque).

Au final ce système nous endurcit, nous brise, nous martyrise dans tous les sens, sans compter les études en elles même, les stages éprouvants (mais parfois ô combien passionants), les épreuves et les étapes à surmonter une par une. Les examens qui tombent tous les 2 ou 3 mois.

On est jamais tranquille, jamais posé, toujours en tension dans la remise en question (même si c’est surtout vrai de la 4ème à la 6ème année il faut se dire que la 2ème et la 3ème ne sont pas des sinecures et plus le temps passe, et plus elles deviendront dures avec les réformes en cours).

C’est aussi une masse de connaissance immense, une responsabilité importante plus particulièrement après cet ECNi de la 6ème année venant couronner et clore le 3ème cycle de nos études, DFASM1, 2 et 3 pour Diplôme de Formation Approfondi en Science Médicale, avec ces 12 UE socles commun de connaissances pour tous les futurs médecins(le 1er étant la P1, le second la P2 et D1 dénommée DFGSM2 et 3 pour Diplôme de Formation Générale en Science médicale)

Je ne vous parle pas encore des 3 à 7 années post ECN selon la future spécialité qu’on s’est choisie (à condition de le pouvoir… On en revient encore à ce concours point d’étape obligé et crucial).

 

Et il est dur ce concours, non pas par sa difficulté intrinsèque mais par le fait que c’est des Hunger Games des Vainqueurs, le concours des concours, la crème de la crème avec déjà ceux qui étaient « les meilleurs » en première année.

Forcement on a tous les ingredients pour que ça tourne au vinaigre.

Dur aussi au vu de tout ce qu’on doit ingurgiter et connaitre dans les moindres détails car les QCM ne pardonnent pas au moindre trou de connaissance, on tombe forcément dans les pièges. On ne peut pas savoir «  a peu près ».

Et pourtant on n’est pas capable de tout réciter non plus. Mettez moi devant un QCM et je saurai vous dire ce qui est bon ou faux, demandez moi de vous réciter la notion et il est probable que je ne puisse pas le faire.

Parce qu’on se formate pour formater des QCM. ABCDE. 5 propositions, des dizaines de combinaisons possibles…

Brutal ce concours parce qu’après 6 ans d’études on commence à fatiguer, parcequ’on va en stage le matin et qu’on doit bosser l’après midi, qu’on culpabilise si on ne le fait pas et qu’on stresse en voyant tout ce qu’il reste encore à faire.

Brutal enfin, parce qu’au-delà de l’enjeu, on s’y est investi à fond, pendant 5 ans à le préparer.

Et au final c’est fait, c’est passé pour moi. 3 jours d’épreuves pour résumer 5 ans de ma vie où j’ai passé ma jeunesse devant les bouquins. Oh mais je suis encore jeune mais ce qu’il en reste, je vais desormais la passer à l’hopital.

 

Mais dans quelle spécialité is the question ?

On en revient encore et toujours à ces 4 chiffres qui vont tout déterminer.
On est des numéros, on juge notre valeur par ces numéros, on chiffre tout de nos jours et après tout il faut bien nous départager.

 

J’espère juste que ces numéros ne nous définiront pas, ne nous collerons pas à la peau, qu’on ne denigre pas les moins bon (qui sont malgré tout tout très bon, celui qui arrive même 7000 a en général la moyenne au concours, a validé 6 années de médecine, des dizaines de partiels, et un examen terminal en fin d’année, donc le niveau on l’a rassurez vous, même les « moins bons » d’entre nous.

J’espère aussi qu’on est pas trop nombreux à avoir laissé un petit bout de son humanité derrière soi, qu’on est tous capable d’aller la rechercher si c’est le cas, de sortir de la mentalité du chacun pour soi pour aller à du chacun pour tous, pour nos patients.

Puis on poursuit son petit bout de chemin avec l’internat. Avec ces numéros invisibles accrochés au dessus de nos têtes, faisant parti de nous même, intégrés en nous, numérotés et classé selon notre valeur, telle une future marchandise médicale qui s’apprete à faire tourner les hopitaux. Ils nous définissent aux yeux du système, parfois même pour certains co internes ou seniors qui ont gardé la mauvaise mentalité « médecine » insupportablement arrogante que d’assimiler des gens à des numéros.

Qui malgré tout nous colleront à la peau.


Et je ne peux m’empecher de me demander :

Et moi alors ?

Combien est ce que je vaux ?

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