Les Résultats

 

Ahhh ce billet je voulais l’écrire depuis longtemps mais j’en avais pas eu le temps ni le courage. Je veux parler du jour ou on a eu nos résultats du S2. J’en avais déjà parlé plusieurs fois avant d’avoir mes résultats et je m’étais beaucoup mis la pression. Au final vous savez déjà que j’ai eu mon année et mes 2 rattrapages du S1 (avec un 15 et un 13,5 tout à fait honorables surtout au vu de la plus grande difficulté de l’épreuve qu’en première session).

 

La question est plutôt : n’ai-je eu « que » 2 matières à réviser me permettant de passer un mois relativement tranquille ou est-ce que ce fut un mois d’enfer infernal ! Et bien c’est parti pour l’article !

Depuis la veille et même avant j’ai la boule au ventre. Faut dire je me suis tellement mis la pression pour ne pas foirer le S2. Déjà que je me suis planté au S1, j’allais pas recommencer au S2 ! 

 

La faute à un manque d’anticipation, à une surcharge d’activités dispersant ma capacité de travail et à un déménagement juste avant les 2èmes parties d’épreuve. Enfin bref, quelque soit l’excuse, j’allais subir les rattrapages. Pas la peine de me compliquer encore plus la vie en rajoutant encore des matières et passer un mois stressant, fatiguant et chiant. Donc au S2, il fallait limiter la casse (qui était déjà bien entamée), limiter les dégats.

 

Fermeture des sas sécurisés ! Activation de l’étanchéité anti rattrapages ! Bouclier thermique de sécurisation QCM actif ! Prêt pour tenir le choc face à l’attaque !

 

Monsieur l’ennemi est en marche vers nos ultimes défenses ! Nous n’allons pas tenir ! Nous sommes acculés !

 

Lancez la contre attaque ! Tenez vos positions !

 

Bon re-bref je déraille mais en gros je me sentais poussé dans mes derniers retranchements. J’avais travaillé vraiment dur tout en menant de front mes activités parallèles en bon petit soldat. J’avais fait de mon maximum en tout cas c’était certain !

 

Sauf que je n’étais qu’à moitié confiant (façon de voir le verre à moitié plein alors qu’il était aux ¾ vide). Je n’étais pas sûr de moi sur plusieurs parties d’épreuves. Je savais que je jouais parfois serré. Et au S1, le pari s’était soldé par un cuisant échec. De peu certes, de très peu même. Mais un échec tout de même. J’espérais vraiment ne pas réitérer cette déception quoique je m’étais déjà promis en fin de P2 de ne plus subir de rattrapages. Peine perdu, la bonne blague. Pris dans le filet de mes contradictions tel un accusé jugé coupable de fausses promesses non tenues. Pourtant je ne fais pas de politique. Je fais de la médecine. Quoi que je suis loin d’être médecin. Mais pas si loin de devenir externe. Enfin, ça c’est à condition de passer.

 

Quoi que ça me fait tellement peur l’externat ! Je resterai bien un peu plus longtemps « au came » en D1 moi ! Hein ? Quoi ? Mais qu’est-ce que je dis, je déraille encore. On croirait voir la SNCF gérant les grands départs de vacances à la gare Montparnasse ! Franchement vous trouvez ça sérieux vous.

 

J’étais pourtant pris dans le tourbillon incessant de mes angoisses dans le doute et l’incertitude. Avais-je révisé suffisamment et suffisamment révisé ? M’étais-je pris assez longtemps à l’avance pour le tir groupé de barrage d’examen SIDES en fin de deuxième semestre ? Je m’étais entrainé militairement, j’avais construit mes boucliers de connaissance anti missile de vérification pédagogique. Mais étaient-ils assez solides pour tenir le coup ?

 

Je les avais vus fissurés après les épreuves. Certaines en particulier. Surtout quand je savais avoir raté quelques questions pas si dures. En neuro par exemple. Quand le nerf facial est paralysé à ause d’une origine centrale, est-ce la partie inférieure ou supérieure du visage qui est atteinte ? Bigre alors ! Palsembleu ! Sacrebleu ! Morbleu ! Je ne sais pas, je ne sais plus, je suis perdu ! Le pire était d’avoir entendu que certains avaient trouvé ça facile. Du gateau même. Bah oui, du gateau peut être mais au gout amer pour moi et peut être indigeste.

 

Donc oui, en neuro, je n’étais pas vraiment confiant. En statistique je n’avais pas parfaitement réussi l’épreuve SIDES assez dure à terminer dans les temps d’autant plus que les QCM étaient eux aussi une galère sans nom niveau temps (petit rappel on passe les QCM pour chaque matière au fil du semestre puis à la fin on passe l’examen SIDES tout réuni ce qui occasionne une bonne ingurgitation de révision. Surtout qu’on nous avait rajouté par rapport aux années précédentes un stage de pré externat coupant sur nos révisions et j’avoue que bosser après une matinée de stage et bien c’est pas si simple. Et c’est bien pour ça que je redoute l’externat. La journée en stage et la soirée en révision. Et la détente ? Désolé Dokidoc tu t’es peut être trompé de filière. Reviens dans 10 ans ! Enfin peut être 15 même si tu veux être plus qu’un simple médecin. Euh même plus du coup vu le boulot que ça va demander. Rolala je me dis que à ce moment, le 2 aout alors que j’écris ces quelques lignes c’est peut être mon dernier mois de vacances avant un trèeeees long moment. Bah oui parce qu’en temps qu’externe j’aurais 10J pendant l’année (pour bosser ou me reposer extenué par le rythme) et 1 mois l’été qu’il faudra surement passer en partie à réviser.

 

Donc ou en étais-je moi déjà ? Ah oui voilà. On est début juin là et cet après-midi 16H je crois on a les résultats. Ainsi qu’une présentation générale de l’externat. Enfin bon ça pour le moment on s’en fou. Je tremble déjà rien que d’y penser. Un peu comme un pinguin qui aurait froid pendant l’été. Et oui ça n’a aucun sens ce que je raconte là mais je n’arrivais juste plus à réfléchir. Quoi que si on y pense la peur glace non ? On dit bien transi de froid ou transi de peur hein ? Et bien moi je tremblais. Je tremblais à l’idée de n’avoir ne serait-ce qu’un seul rattrapage…. De plus ! Je tremblais à l’idée que mes efforts aient été insuffisants. Bien mais peut mieux faire ! Et si j’avais 3, 4 ou 5 matières à repasser ? Et si je redoublais ? Et si j’abdiquais demandant l’armistice sans condition. La guerre est perdue général, ils ont fait une percée ! Déjà le scénario noir se profilait.

 

Vous savez cette petite peur qui grandit ou fil et à mesure du temps. Celle contre qui tu ne peux rien, qui s’accroche à ton esprit, t’enveloppe dans son manteau de terreur puis se glisse à travers tes failles pour exploiter tes faiblesses. C’est une peur contre laquelle tu ne peux lutter, un adversaire invisible bien que puissant que tu ne vois que trop bien dans la faiblesse des émotions humaines. C’est irrationnel, le combat est terminé à présent et tu ne peux rien y changer. Les dés sont déjà jetés, et depuis un petit moment.

 

Voilà, sommairement, en gros mon état d’esprit. Dans l’expectative et dans l’attente. La longue attente des résultats. Sous pression. Vraiment sous pression. J’avais fait de mon mieux avec toutes les activités que j’avais à côté pour tout réussir. Oh oui j’aurai peut être pu m’être mis à réviser une semaine plus tôt alors qu’il restait encore 2 semaines de stage puisque j’avais bossé sans énormément d’efficacité durant ma 1ère semaine de révision. Mais au final, j’avais englouti des tonnes de papier, des giga-octets de données, des litres de connaissance.

 

Petite interlude pour vous dire que j’ai été upgradé en business, c’est juste trop cool !

 

Donc j’en reviens à mes moutons. J’espérais tellement ne pas me faire tondre. D’ailleurs je n’allais pas aller voir les résultats directement. J’allais devoir passer faire une procuration. J’avais de toute façon demandé qu’on regarde pour moi mes résultats. J’avais juste pas le courage de le faire. C’était au-dessus de mes forces. Le temps s’égrenait, les secondes tombaient durement les unes après les autres formant la rivière des minutes puis le torrent des heures qui menaient vers les chutes des résultats. Comment ça vous ne connaissez pas cet endroit ? Pourtant la plupart des étudiants l’ont déjà vu avec plus ou moins de terreur. La mienne était maximale en tout cas.

 

La tension était tendue. La pression pesante.  Le stress stressant du stressé. L’angoisse angoissante de l’angoissé (c’est-à-dire moi). Le temps passait et l’heure se rapprochait. Je ne me souviens plus exactement dans quel état j’étais mais je vous assure que j’en pouvais plus. Je ne sais pas si à travers ce billet j’ai réussi à vous communiquer à quel point je m’étais mis la pression. D’ailleurs ce n’était pas qu’une question de rattrapages en plus, de galères supplémentaires mais aussi de fierté la mienne en ayant pris un coup au S1. Même dans les matières validées, j’étais loin de faire partie des meilleurs et je ne vais pas répéter les excuses que j’ai déjà cité. Au final seul le résultat définitif compte. Et point barre. J’allais quand même pas échouer à nouveau ! Impensable franchement. Non non et renon ! Je ne peux pas me permettre de ne pas réussir !

 

 

J’arrive à l’université hyper stressé pressé de connaitre les résultats. Entre temps on m’a envoyé un message à propos de ceux-ci. Je ne l’ai pas lu. J’ai pas osé. Mais il m’a semblé apercevoir sur la notification que tout était bon. Enfin, j’en suis pas sûr. Pas du tout même. Je tremble un peu. Est-ce mon esprit qui me joue des tours ? Je déteste me faire de l’auto magie moi ! Un deux trois abracadabra, pas de rattrapages ! (supplémentaire).

 

Je vois mon groupe d’amis assis en haut au milieu de l’amphi comme un rayon de soleil qui déchire le voile du suspens. Je vais bientôt savoir, je sais qu’ils ont regardé. J’arrive. Je m’assois. Je les regarde. Ils me regardent. Je les regarde à nouveau. Et j’apprends enfin la réponse.

 

Mon cœur s’emballe, je dois m’assoir ! Quoi je suis déjà assis ? Ah bon ?! Mais pourquoi je les yeux mouillé, le canal lacrymal trempé. Je n’arrive pas à y croire. Tout ça pour ça. Ça y est j’ai enfin le résultat tant attendu. Et j’avoue que ça me fait pleurer, un peu. Un peu comme au S1 d’ailleurs le temps d’accepter la réalité. Je crois que je perds mon self contrôle, un peu. Je ne contrôle plus mes émotions. Je vis mes turbulences dans le tourbillon des sentiments débridés. Vous qui avez lu jusqu’ici vous vous demandez peut être lesquels n’est-ce pas ?
Et bien je vais vous répondre ne vous en faites pas. A cet instant précis, ils s’appelaient joie, soulagement, satisfaction et à nouveau joie, soulagement et satisfaction.

 

Tout ce concentré bouillonnant d’émotion explose à travers mon cortex, envahit tout, m’empêche de penser clairement. Ça se brouille un peu, juste un peu. D’ailleurs la présentation de l’externat est finie, apparemment je n’ai pas raté grand-chose puisqu’ils se seraient contenté de redire exactement pareil que dans la fiche sur l’externat qu’on nous a distribué. Je descends pour aller voir les résultats affichés dans la cour en bas. Les yeux encore un peu humide. Des camarades de promo me demandent comment ça s’est passé, certains sont même trompés par mes larmes de bonheur s’y méprenant à de la tristesse.

 

Au final je n’ai pas brillé mais je suis passé. Ma meilleure note, je l’ai eu en appareil locomoteur, la matière qui m’a le plus plut en plus d’y avoir effectué un bon stage. 12,6/20 ça reste moyen tout de même mais on s’en fou, le principal c’est que mon but est atteint. Souvent si on révise comme moi au S1 et qu’on est juste au niveau des connaissances, qu’on flirte avec la moyenne, on parie et on risque de perdre. Une fois au-dessus, une fois au-dessous. Et bien pour le S2 j’étais plutôt à 11, 11,5 sur 20. Une fois à 10,5, une autre fois à 12,5 (sans compter la biopathologie ou j’ai eu 13,7/20 mais comme c’est moitié QCM et moitié oral ça compte pas c’est un peu plus facile).

 

Je réussi correctement la neuro ou j’approche du 12/20 (bon en fait on est noté sur 80 : 40 pour le dossier et 40 pour les QCM) ce qui est honnête pour une matière dont je craignais le résultat. En UE1 (une matière combinant de la médecine légale, des soins palliatifs, de l’informatique et de l’épidémiologie et santé société), ainsi qu’en biostatistiques et génétique j’ai 11/20. En AIH (agent infectieux de l’homme) qui était LA matière de D1, j’ai eu 12,2.

 

Au final rien de brillant certes mais l’essentiel est d’avoir tout réussi dans un grand ouf de soulagement. J’ai cru m’évanouir de bonheur sur le chemin du retour. Littéralement. Je crois que j’aime me faire peur, sentir l’adrénaline couler dans mes veines. Enfin un peu. Voire pas du tout mais faut croire que toutes mes actions dans la vie sont ainsi. Un petit peu.

 

Allez je fais une promesse pour l’année prochaine, on essaye de ne pas avoir de rattrapages. Enfin, si je le peux…

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